En 15 ans de carrière, de 1962 à son tragique décès le 11 Mars 1978, le chanteur Claude François a été infatigable. Il enregistrait souvent deux albums par an et participait en amont à leur élaboration. En plus de cela, il se produisait sur scène, dansait, faisait de la télé et de la radio. N'oublions pas qu'il était également un businessman : il avait fondé en 1967 sa société 'Disques Flèche', puis avait lancé dans les années 1970 les revues suivantes : 'Podium', destiné aux adolescents, et 'Absolu', un magazine érotique qui s'adressait avant tout aux hommes. En 1976, il avait même créé son parfum, nommé 'Eau Noire'.
Claude, éternel adolescent, suivait les modes afin de rester dans le vent. C'est pour cette raison que son public était majoritairement composé de jeunes filles, adolescentes et jeunes adultes. Partout où il passait, il déclenchait l'hystérie de ses groupies. Quelque part, c'est ce qu'il recherchait.
Dès le milieu des 70s, Claude François s'est mis au disco avec des titres comme "Soudain Il Ne Reste Qu'une Chanson", "Une Chanson Française", "Le Vagabond", "Cette Année-Là", "La Solitude C'est Après", "Laisse Une Chance A Notre Amour", "Je Vais A Rio", "Enfin", ou encore "Comme Une Chanson Triste". Certains de ces titres étaient adaptés de succès anglophones. Claude n'avait nullement à rougir des adaptations qu'il réalisait : les textes en français étaient bons et les musiques très bien réorchestrées.
En 1977, il a souhaité s'expatrier à l'étranger - musicalement parlant - avec l'album "His Hits In English", sur lequel il interprétait certains de ses succès dans la langue de Shakespeare. Son but avoué était de toucher le Royaume-Uni puis ensuite les USA. Il a même pu se produire à la BBC. Souvenons-nous qu'en 1977, nous étions en France en pleine vague anglo-disco, notamment avec Sheila et son tube "Love Me Baby". Malheureusement, Claude n'a pas eu le temps d'accomplir son rêve américain : il est mort peu de temps après la parution de son album "Magnolias For Ever" qui faisait la part belle à la musique disco... Son rêve a été réalisé en quelque sorte par procuration par Sheila, lorsqu'elle a pu se faire produire aux USA par les membres masculins du groupe 'Chic', en 1979 et 1980.
Mais revenons en 1977 : durant l'été, comme à son habitude, Claude François est parti en tournée. Le 18 Août, il s'est arrêté à Aix-en-Provence et a assuré le show durant une trentaine de minutes, avant de quitter la scène à cause de perturbateurs qui se trouvaient dans le public. Comme on peut l'entendre dans le mp3 proposé ici, il a interprété son tube "Le Lundi Au Soleil" dans une version revisitée à la sauce disco, amputée du premier couplet. Puis, un peu plus tard, visiblement agacé, il s'est adressé aux perturbateurs en leur disant très naturellement que la France n'est pas l'Afrique du Nord, et il a enchaîné avec son titre "Sale Bonhomme" en l'appelant "Moustapha". Pensez-vous qu'un artiste pourrait faire cela de nos jours ? Non, bien évidemment ! Déjà, les artistes actuels n'oseraient pas, et puis s'ils le faisaient, cela prendrait des proportions énormes, ils se feraient descendre dans tous les médias et verraient leur carrière anéantie. On en parlerait des jours durant sur tous les réseaux sociaux, sur les plateaux TV, à la radio et dans les journaux. Peut-être même aussi sur la Lune ? Oui, de nos jours, dire ce que Claude a dit en 1977 équivaudrait à un suicide artistique.
Pourtant, il faut rappeler que Claude François n'était pas 'raciste' : il avait grandi en Egypte et avait même enregistré en 1962, sous le pseudonyme de Kôkô, son premier 45T qui contenait "Le Nabout Twist", un titre à l'influence orientale. Et puis, pour boucler la boucle, son dernier album "Magnolias For Ever", sorti fin 1977, faisait écho à l'Orient avec le tube disco "Alexandrie Alexandra", mais aussi avec l'intro arabisante du méconnu "Pourquoi Toi", un superbe morceau disco injustement oublié.
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