Sheila B. Devotion, de l'Europe aux USA



Une époque très gaie...


Durant la courte mais intense période disco, peu d'artistes européens sont parvenus à s'imposer aux USA. Le groupe 'Sheila B. Devotion' fait partie de ces rares artistes qui ont eu l'immense privilège de rencontrer un grand succès dans toute l'Europe, mais aussi outre-Atlantique, et même dans d'autres pays tout autour du globe. Mais pour Sheila, l'aventure disco a commencé dès le milieu des années 1970, en France...

1975. La chanteuse française Sheila a 30 ans. Depuis 1963, elle enchaîne les succès, menée d'une main de maître par son producteur Claude Carrère. Et la recette fonctionne très bien puisque les fans sont toujours au rendez-vous, plus de dix ans après ses débuts. En France, tout le monde connaît Sheila, chanteuse populaire par excellence.



A présent, à la ville comme à la scène, elle forme un couple avec Ringo. En 1973, ils se sont mariés et ont enregistré ensemble le titre à succès "Les Gondoles A Venise". L'année suivante, durant l'été 1974, Sheila est tombée enceinte.




A cette époque, entre 1971 et 1974, Sheila enregistre déjà des titres que l'on peut qualifier de 'pré-disco' : "Trinidad" en 1971, "Samson Et Dalila", "Oui Je T'Aime" et "Le Mari De Mama" en 1972, "Adam Et Eve" en 1973, "Samedi Soir" en 1974.



Nous voilà maintenant au début de l'année 1975. Sheila reprend en français le titre "Doctor's Orders" de l'américaine Carol Douglas. "Doctor's Orders" est sorti en 1974 et est devenu un grand succès. C'est l'un des premiers vrais titres de l'histoire de la musique disco. Jean Schmitt et Claude Carrère adaptent donc cette chanson en français pour Sheila, ce qui donne "C'est Le Coeur". Les arrangements sont réalisés par Mat Camison. Bernard Estardy, l'ingénieur du son, dira plus tard à propos de Sheila : "Elle a enregistré "C'est Le Coeur" assise les pieds relevés, elle fondait en larmes toutes les cinq minutes, elle était très émouvante. J'ai touché le ventre de Sheila enceinte et je peux vous assurer qu'elle ne portait pas de coussin !".



Carrère confie la promotion radio de "C'est Le Coeur" à Annie Markhan. Le single s'écoulera à 400 000 exemplaires. En face B du disque se trouve un autre morceau disco : "Le Bonheur File Et Roule Entre Nos Doigts" écrit par D. Vangarde/K. Pancol/C. Carrère, et arrangé par J.C. Petit.
Etant donné que Sheila est enceinte lorsque "C'est Le Coeur" sort dans le commerce, il n'est évidemment pas question de se rendre sur les plateaux TV afin d'en faire la promotion. Un clip est donc tourné dans sa maison, à Feucherolles.



En avril 1975, Sheila accouche enfin. Toutefois, sa vie de couple n'est pas joyeuse, puisque son mariage avec Ringo se dégrade. Pourtant, le public ignore cela. Dans les magazines, on voit Sheila et Ringo heureux avec leur enfant.



Pour l'été 1975, Sheila publie le single "Aimer Avant De Mourir", qui est une ballade très émouvante. Elle l'interprète sur plusieurs plateaux TV, tout comme son précédent succès "C'est Le Coeur". 
Elle part ensuite avec Ringo passer ses vacances sur la Côte D'Azur.








L'automne 1975 marque le retour de Sheila en solo. Exit Ringo sur la face B de l'album et sur la pochette. L'opus qu'elle nous propose, baptisé "Quel Tempérament De Feu", marque un tournant, puisque c'est là que débute la Sheila des années disco.



Le titre éponyme est la reprise en français du "I'm On Fire" des '5000 Volts'. L'adaptation est une fois de plus signée Carrère/Schmitt, et les arrangements sont de Mat Camison. Le morceau est diffusé en single et s'écoule à plus de 500 000 exemplaires.



Sheila l'interprète plusieurs fois à la TV, parfois vêtue d'une tenue moulante à paillettes. Il lui arrive aussi d'interpréter encore sur les plateaux TV son précédent et premier succès disco, "C'est Le Coeur".





Quant à l'album, il contient une autre reprise disco en français, c'est "Personne D'autre Que Toi", chanté à l'origine par Jeanne Burton sous le titre "Nobody Loves Me Like You Do". "Personne D'autre Que Toi" ne déroge pas à la règle : l'adaptation est de Carrère/Schmitt et les arrangements sont de Camison. Le morceau aura droit en 1976 à une sortie en single au Canada, avec en face B une version rallongée.



L'opus "Quel Tempérament De Feu" renferme aussi un autre titre disco inédit écrit spécialement pour Sheila : "Aucune Montagne, Aucune Rivière", signé par L. et P. Sebastian/Michaële/Carrère, et arrangé par J.C. Petit. Bien entendu, l'album inclut aussi "C'est Le Coeur" et sa face B "Le Bonheur File Et Roule Entre Nos Doigts", tout comme la ballade "Aimer Avant De Mourir". Plus de 75 000 exemplaires du 33T trouvent preneurs, ce qui est correct mais sans être un véritable succès.
Grâce à ses chansons rythmées, Sheila s'impose comme l'une des toutes premières stars du disco en France.




Humbert Ibach, qui fait partie de l'écurie 'Carrère', lance une jeune chanteuse : Carène Cheryl. Blonde, romantique, populaire, campagnarde, elle est clairement façonnée à l'image de Sheila. Ses titres entraînants à la limite du disco plaisent au public, mais heureusement, elle ne parvient pas à détrôner la charismatique Sheila qui reste la reine sur le territoire français.  



Au printemps 1976, Sheila publie le single "Un Prince En Exil" qui se vend à plus de 300 000 exemplaires : c'est à nouveau une reprise disco, avec des vrilles de violons en prime. Le 45T est aussi diffusé en Allemagne. La version originale est "Linda Bella Linda" du 'Daniel Sentacruz Ensemble'. L'adaptation est une fois de plus réalisée par Carrère/Schmitt, et les arrangements sont de Camison. En face B du 45T se trouve le morceau disco "Personne D'autre Que Toi", déjà gravé sur l'album "Quel Tempérament De Feu" de 1975. La photo de la pochette, qui montre Sheila en gros plan, ne diffère guère de celle qui avait été retenue pour le précédent single "Quel Tempérament De Feu".



"Un Prince En Exil" prend vie sur les plateaux TV lorsque Sheila l'interprète avec l'entrain qu'on lui connaît. Pour l'occasion, elle porte une cape, avec laquelle elle exécute une petite danse. C'est un nouveau succès pour la chanteuse. Même si elle ne se produit jamais sur scène, elle est une vedette du petit écran. Elle n'a certes pas le parfum mythique de Dalida, la diva méditerranéenne par excellence, mais elle n'est pas pour autant une artiste 'bas de gamme'. Sheila est la chanteuse populaire française par excellence. Tout comme son pendant masculin Claude François, elle plaît surtout aux jeunes, qui ont soif de bonne humeur, de rêve et d'insouciance.






Pourtant, dans la vie réelle, Sheila n'a pas le caractère facile. Elle est souvent énervée par tous les fans qui se pressent autour d'elle, et elle n'hésite pas à le leur faire savoir. A cette époque, elle a peut-être pris un peu la grosse tête, mais il faut savoir qu'elle traverse aussi une mauvaise passe dans sa vie privée. Si dans les magazines, elle apparaît toujours aux côtés de Ringo, dans l'ombre il en va autrement. Ringo est de plus en plus infidèle... Certaines rumeurs annonçant la séparation du couple se propagent, ce qui fait le bonheur de la presse à scandale.



Le producteur Carrère sait que le couple bat de l'aile, mais il ne veut absolument pas qu'il y ait un divorce. Que penseraient les français à l'annonce du divorce ? Sheila continuerait-elle à faire rêver le public ? Carrère organise donc des reportages photos où Sheila et Ringo semblent être heureux tout comme au premier jour.



En mai 1976, Sheila décide d'aller prendre l'air : elle part aux USA pour une dizaine de jours. Elle visite New York, assiste à des comédies musicales, puis traverse le pays et se rend à Los Angeles.







Pour l'été 1976, la chanteuse enregistre le titre "Patrick, Mon Chéri". C'est une reprise certes, mais c'est aussi et surtout magnifique ballade aérienne, estivale et sentimentale, voire même érotico-mélancolique si l'on se penche sur le texte. Le single se vend à plus de 340 000 exemplaires. En face B du disque se trouve le morceau "Good Bye My Love", un hybride disco-rock qui est la reprise du "Goodbye My Love" de 'The Glitter Band'. Sheila est de retour sur les plateaux TV pour promotionner "Patrick, Mon Chéri".



Durant cet été 1976, Sheila et Ringo partent en vacances sur la Côte D'Azur. Sheila réfléchit à une proposition venant des USA, pour un show à Las Vegas. Finalement, elle refuse, car elle préfère privilégier sa vie de famille.





Toujours sous la houlette de Claude Carrère et Jean Schmitt, Sheila propose à l'automne 1976 un nouveau 45T qui contient "Les Femmes" en face A, un titre plutôt pop-rock, et "Les Nuits De Musique" en face B, qui mêle rock et disco. Ce sont une fois de plus des reprises. Le disque se vend à plus de 175 000 exemplaires : un score plutôt décevant pour cette artiste si populaire qu'est Sheila... On sent clairement que depuis 1975, ce sont ses chansons disco qui se vendent le mieux. "Les Femmes" a droit à une promotion sur les plateaux TV.



Lors d'un sondage, Sheila se classe 3e après Serge Lama et Michel Sardou. Par contre, elle est 1ere dans la catégorie 'chanteuse la plus populaire à la radio et à la TV'.



Enfin, entre cette fin d'année 1976 et ce début d'année 1977, Sheila publie son nouvel album. Baptisé "L'Amour Qui Brûle En Moi", il évite la musique disco. L'accent est davantage mis sur les ballades et les sonorités pop-rock. Certaines ballades sont magnifiques, comme "C'est Ecrit" et "Flagrant Délit De Tendresse". La chanson "La Voiture" intègre des éléments disco, mais ce n'est pas un titre disco au sens propre du terme. Il y a aussi le morceau "Une Fille Ne Vaut Pas Une Femme" qui s'inspire de la musique funk-soul du moment. Le disco "Un Prince En Exil" est inclus à l'album, mais il n'apporte rien puisque le public le connaît déjà par cœur. D'ailleurs, ce nouvel opus n'est en fait qu'à moitié nouveau, étant donné que sont gravés dessus les 5 titres déjà enregistrés par Sheila depuis le début de l'année 1976 et parus en singles. Pourtant, les ventes sont correctes, avec plus de 100 000 exemplaires écoulés. Le titre "L'Amour Qui Brûle En Moi", qui donne son nom à l'album, est diffusé en single. Plus de 230 000 45T trouvent preneurs. Sheila interprète "L'Amour Qui Brûle En Moi" ainsi que d'autres morceaux de son album sur les plateaux TV.




Sheila passe ses vacances d'hiver avec Ringo, ce qui donne matière à de nouvelles photos pour les magazines.





1976 se termine, l'année 1977 commence, et force est de constater que Sheila a quelque peu délaissé la musique disco. Pourtant, cette musique gagne de plus en plus de terrain en Europe comme aux USA. En France, des artistes populaires comme Claude François et Dalida viennent de se mettre au disco, et ce changement de cap ravit le public. Même le producteur de Sheila, Claude Carrère, montre de l'intérêt pour la musique disco puisqu'il distribue sur son label le single "Daddy Cool" des 'Boney M' : c'est le jackpot, car plus de 1 million de 45T sont vendus en France.



Mais au printemps 1977, Sheila enfonce encore un peu plus le clou avec sa chanson pour enfants "L'Arche De Noé", qui est une fois de plus une reprise. Le single se vend bien. Toutefois, il est grand temps de tourner une page...



Sheila pose pour le photographe Tony Kent. Sur les photos réalisées, on peut voir un vrai changement. C'est chic, classieux, disco.




Dans le même temps, sur la demande de Gilbert Chemouny, le musicien Mat Camison compose et arrange un morceau disco aux accent salsa. La parolière Pamela Forest écrit un texte dont le titre est "Touch Me Baby". Une chanteuse de l'ombre enregistre la chanson en studio. La maquette ainsi réalisée atterrit chez Claude Carrère, qui, séduit, la fait à son tour écouter à Sheila. La chanteuse se laisse rapidement convaincre : elle va interpréter ce morceau. Elle veut changer d'image et se renouveler. C'est aussi le souhait de Carrère. Toutefois, le producteur pose ses conditions : il faut retravailler le texte. En effet, les paroles écrites par Pamela Forest contiennent des double sens qui risquent de choquer le public de Sheila. Ainsi, le titre va être rebaptisé "Love Me Baby", et, par exemple, la phrase "playing funky music on my funky guitar" va être transformée en "playing spanish music on my spanish guitar". Lors des répétitions, Pamela Forest indique aussi à Sheila où placer l'accent tonique anglais. De son côté, Camison réenregistre entièrement le morceau, spécialement pour Sheila. Pamela Forest suggère enfin à Claude Carrère d'entourer Sheila d'un groupe de Noirs. Carrère hésite car il a peur que le public ait une mauvaise réaction, mais finalement, il accepte, car le but est de toucher un public international. Le producteur recrute ainsi à Paris, via une agence de casting pour comédies musicales, ceux qui vont devenir les 'B. Devotion'. Il engage aussi une interprète qui aura pour but d'enseigner rapidement l'anglais à Sheila, en suivant la méthode de l'immersion totale.

Ci-dessus, de gauche à droite : Sheila, Freddy, Arthur et Dany. 

Ca y est, tout est prêt. "Love Me Baby" va être dévoilé au public. Toutefois, dans un premier temps, Carrère opte pour l'anonymat, car le changement entre l'ancienne et la nouvelle Sheila est radical. Et puis, Sheila faisant du disco, après tout, est-ce crédible ? Les clichés ont la vie dure : même estampillé 'disco', un disque où figurent le nom de Sheila et sa photo serait peut-être refoulé aux portes des discothèques...
Le single aura donc pour interprète 'S.B. Devotion' et la pochette affichera un dessin. Sur le disque, les noms des auteurs/compositeurs seront changés : Mat Camison prendra le pseudonyme de Mike Wickfield, Gilbert Chemouny celui de Copperman, et Claude Carrère sera P. Racer. Seule Pamela Forest, inconnue du grand public, conservera son nom.



Carrère fait distribuer pour les discothèques un maxi 45T promotionnel de "Love Me Baby". Le recto de la pochette ne mentionne que 'Disco-Version' en lettres capitales : si l'on n'a pas compris... Au verso est quand même indiqué que le titre du morceau est "Love Me Baby", interprété par 'S.B. Devotion'. Toutefois, ce maxi 45T est un peu une arnaque, car le titre ne dure que 3'37" : il est donc exactement identique à la 'version single' diffusée en 45T... Cela est précisé au verso de la pochette, en bas à gauche, par la mention suivante : "Attention : ce disque est un 45 Tours".



En mai et juin 1977, tous les français s'interrogent... Qui est l'interprète principale du nouveau titre disco "Love Me Baby" que l'on peut entendre à la radio et en discothèque ?
Toutefois, certains ne sont pas dupes : ils reconnaissent bien la voix de la chanteuse Sheila... Autre indice : sur la pochette du single, on remarque un dessin représentant une femme blonde...
Quelques semaines plus tard, suite au succès rencontré par le titre, Carrère décide qu'il faut révéler la véritable identité de 'S.B. Devotion'. Beaucoup de fans ont reconnu la voix de Sheila, et les émissions de télévision veulent recevoir ce mystérieux groupe sur leurs plateaux. Sheila a travaillé et répété une chorégraphie, bien à l'abri des regards. Courant juin 1977, elle apparaît enfin à la télévision française pour interpréter "Love Me Baby". Elle est entourée de trois danseurs Noirs, les 'Black Devotion', appelés la plupart du temps 'B. Devotion'. Ces trois garçons sont Arthur Wilkins, Dany McFarlane et Freddy Stracham, recrutés par Carrère. Sheila arbore un nouveau look qui va faire date : queue de cheval, petit haut rose, petit foulard rose autour du cou, short à paillettes mauve ultra-moulant, foulard rose noué autour du genou droit et longues bottes à talons assorties au reste. Les 'B. Devotion' eux aussi portent des vêtements hauts en couleur : du rose, du jaune, du rouge, de l'argenté...chacun possède sa propre tenue qui l'identifie immédiatement.








Alors certes, le quatuor s'est dévoilé au public, mais pour que l'impact soit plus retentissant, une histoire est montée de toutes pièces : Sheila aurait rencontré le danseur Arthur Wilkins lors de son séjour récent à New York. Il aurait accepté son invitation à la rejoindre en France pour y former un groupe, et lui aurait ensuite présenté deux autres danseurs jamaïcains vivant à Londres, Dany McFarlane et Freddy Stracham. Quant aux auteurs/compositeurs de "Love Me Baby", Sheila les aurait eux aussi rencontrés lors de son séjour aux USA...
Rapidement, Sheila et ses 'B. Devotion' enchaînent les prestations sur les plateaux TV français et apparaissent dans les journaux. Le 5 juillet 1977, ils remportent le trophée 'Basket d'Argent' lors de l'émission radiophonique "Basket" sur 'Europe 1'.










En France, "Love Me Baby" monte jusqu'à la 2e place du hit-parade au mois d'août 1977, et le single va s'écouler à plus de 630 000 exemplaires : un vrai succès. Notons que sur le nouveau pressage de la pochette, le nom d'artiste est à présent 'Sheila B. Devotion' et non plus 'S.B. Devotion'. Un maxi 45T est disponible dans le commerce, mais malgré la mention 'version intégrale club' sur la pochette, ce n'est que la 'version single' de 3'37" qui est gravée sur le disque ! Une belle arnaque...



Les membres du 'Club Sheila' sont de plus en plus nombreux. La chanteuse et ses danseurs se rendent en Espagne afin de promotionner "Love Me Baby". Pour l'occasion, des photos sont réalisées.











Durant l'été 1977, Sheila part en vacances avec Ringo sur la Côte D'Azur. Ils descendent jusqu'en Corse et en Sardaigne. La société 'Carrère Productions' a offert à sa chanteuse fétiche un bateau de course. Le couple pose pour les magazines.









De retour à Paris, Sheila fait une série de photos dans sa maison de Feucherolles, en compagnie des 'B. Devotion'.





L'équipe Wickfield/Copperman/Racer/Forest se remet au travail afin d'écrire un album pour le groupe. La préparation de cet opus va durer de juillet à septembre 1977. Mat Camison (alias Mike Wickfield) va enregistrer tous les titres à Londres, accompagné du guitariste Slim Pezin. Les voix masculines sont-elles faites par les 'B. Devotion', ou bien par de véritables choristes ? Nous n'en savons rien... Une fois les morceaux en boîte, Sheila pose sa voix au Studio CBE de Bernard Estardy, à Paris. Lors de l'enregistrement, il y a une coupure de courant. Il faut donc mettre un groupe électrogène en marche. Il est à noter qu'au départ, l'idée de reprendre le standard américain "Singin' In The Rain" vient de Mat Camison et de Pamela Forest, à qui Carrère a demandé de trouver une chanson très connue pour lancer l'album. Toutefois, Carrère n'est pas emballé et refuse d'adapter ce classique pour Sheila. Mais finalement, il se laisse convaincre, et Camison crée une version disco de 7 minutes, avec des passages inédits baptisés "I Like It - Soft Silver".



A partir de l'automne 1977, Sheila et les 'B. Devotion' partent à la conquête de l'Europe. Ils vont interpréter "Love Me Baby" sur les plateaux TV de plusieurs pays : 'Musikladen' en Allemagne, 'Top Pop' aux Pays Bas, 'Noi... No!' en Italie... Pour faciliter leurs déplacements, Carrère met à leur disposition un jet privé. Dans le même temps, le single "Love Me Baby" est diffusé dans de nombreux pays européens, et même au-delà, comme au Japon et au Canada ! D'ailleurs pour le Canada, une version longue de "Love Me Baby" est exploitée en maxi 45T. Il s'agit là d'une vraie version longue, puisqu'elle fait 6'05".















"Love Me Baby" se classe dans les charts de plusieurs pays : il est 1er en Suisse et en Turquie, 3e en Italie, 5e au Portugal, 9e en Allemagne, 10e en Grèce...
Mais pour le groupe, le meilleur reste à venir.



L'automne 1977 arrive. En France, l'album baptisé "Singin' In The Rain" est diffusé. Il contient 6 titres, tous disco, ainsi que l'instrumental de "Love Me Baby", baptisé "Instrumental S.B.", et qui était déjà présent en face B du single "Love Me Baby". Musicalement, les morceaux se rapprochent des sonorités du groupe 'Boney M.' produit en Allemagne. La photo de l'album, où l'on voit Sheila et ses 'B. Devotion' dans leur tenue de "Love Me Baby", a été réalisée par Paul Rody et fait partie d'une série.



Plus de 200 000 copies de l'opus vont s'écouler en France, ce qui est un bon score, même si d'autres artistes français font beaucoup mieux, Michel Sardou notamment. Mais la force de 'Sheila B. Devotion', ce n'est pas seulement la France : c'est aussi en grande partie les pays étrangers. Le single "Singin' In The Rain" et l'album éponyme vont très bien se vendre à travers toute l'Europe. Dans certains pays, en France et en Italie notamment, le lp a droit à un pressage alternatif, où "Love Me Baby" remplace "Singin' In The Rain" en nom d'album.



Entre 1977 et 1978, le 33T va dépasser les frontières européennes et s'exporter au Brésil, au Japon, en Israël...et même aux USA, diffusé par 'Casablanca Records', le label disco par excellence ! Pour le marché des Etats-Unis, la pochette est différente : les américains ont droit à un très beau dessin représentant Sheila sous la pluie, vêtue de sa tenue de "Love Me Baby", dans la rue devant des symboles français : la tour Eiffel, une Citroën DS, une boulangerie... Au dos de la pochette sont dessinés les fidèles 'B. Devotion', eux aussi dans leurs tenues de "Love Me Baby".




Quant au single "Singin' In The Rain", il est diffusé en 45T mais aussi en maxi 45T, tout autour du globe entre 1977 et 1978. La photo de la pochette est la même que celle retenue pour le lp. Sur le single 7", on trouve une partie du morceau sur chaque face. Sur le single 12", pas d'arnaque cette fois-ci : la face A est remplie par la 'version album' de "Singin' In The Rain" (comprenez la version longue), et la B est occupée dans plusieurs pays par une version rallongée de "Shake Me", la 'version album' ne faisant que 4'43". Mais certains pressages 12" de "Singin' In The Rain" n'éditent en face B que la 'version album' de "Shake Me" : un choix curieux...
"Singin' In The Rain" se classe 3e au hit-parade français. Le single se vend à plus de 530 000 exemplaires en France.



Sheila et sa troupe, après avoir travaillé sur une nouvelle chorégraphie, reprennent le chemin des plateaux TV français. Chose inhabituelle, la prestation pour "Singin' In The Rain" dure plus de 6 minutes. Oui, 6 minutes durant lesquelles Sheila et ses trois danseurs exécutent une superbe chorégraphie. Pour l'occasion, la chanteuse arbore une nouvelle tenue toujours composée d'un petit haut, d'un short à paillettes ultra-moulant et de bottes, mais dans les tons argentés cette fois-ci. Ses trois danseurs portent tous la même tenue : chemise noire et pantalon argenté. Toutefois, le quatuor ne porte pas toujours ces vêtements spécifiques pour interpréter "Singin' In The Rain"... Des séries de photos sont réalisées pour les magazines.













Sheila et ses danseurs règnent en maîtres sur le disco français et européen. Côté français, le chanteur Claude François publie à la fin de l'année 1977 l'album "Magnolias For Ever" qui contient plusieurs titres disco, mais il ne chante qu'en français, et par conséquent il ne connaît pas de succès à l'étranger. La diva Dalida ne fait pas vraiment d'ombre à Sheila, car même si elle aussi fait du disco, son univers est différent. Quant à la rivale de Sheila, la dénommée Carène Cheryl, elle ne fait toujours pas de disco en 1977 et force est de constater qu'elle n'intéresse plus vraiment le public. D'ailleurs, elle disparaît complètement du monde médiatique à la fin de l'année, car son producteur Ibach veut lui faire prendre la même voie que Sheila : il veut faire d'elle une 'disco star', si possible européenne. Carène se met donc à apprendre la danse et le chant avec un accent anglais. Elle réapparaîtra plus tard en 1978, mais pour le moment, elle laisse la place à Sheila, qui, il faut le reconnaître, a un train d'avance...



Dès le début de l'année 1978, Sheila et ses danseurs repartent sur les plateaux TV étrangers afin de promotionner leur nouveau succès "Singin' In The Rain". Ils passent à 'Top Pop' aux Pays-Bas, à 'Top Of The Pops' au Royaume-Uni, à 'Musikladen' en Allemagne...et même au festival de San Remo en Italie ! La durée de la prestation est parfois raccourcie à 4 minutes. On note aussi que quelquefois Sheila reprend sa tenue de "Love Me Baby" pour interpréter "Singin' In The Rain", et inversement, elle interprète "Love Me Baby" habillée dans la tenue de "Singin' In The Rain"... Les 'B. Devotion' changent eux aussi parfois de vêtements. Pour l'émission française 'Midi Première' du 2 janvier 1978, Sheila est vêtue d'un pantalon noir et d'une chemisette beige, mais elle conserve son petit foulard rose autour du cou. Les 'B. Devotion' ont eux aussi des vêtements différents, assez passe-partout. En fait, il semblerait que la personne en charge des costumes ait oublié ce jour-là d'apporter les tenues dans le studio de 'Midi Première'...

















En Europe et dans le Monde, le morceau "Singin' In The Rain" se classe bien : 1er en Suisse et en Roumanie, 2e au Danemark et en Suède, 3e en Italie, en Belgique et au Portugal, 4e aux Pays-Bas et en Finlande, 6e en Allemagne, 10e au Zimbabwe, 11e en Afrique du Sud et au Royaume-Uni, 14e en Espagne, 23e en Australie... Il se retrouvera aussi 30e aux USA dans le 'U.S. Dance Chart', et même 15e dans la ville même de Chicago. Un véritable exploit pour Sheila, qui quelques mois auparavant était encore une chanteuse de la France profonde. Sa réussite, elle la doit à son professionnalisme, mais aussi à l'équipe qui l'entoure : à ses danseurs les 'B. Devotion', à son producteur Claude Carrère, au talentueux musicien Mat Camison...



Mais Sheila et ses danseurs ne se reposent pas sur ce nouveau succès : début 1978, ils enchaînent sur les plateaux TV français avec deux nouveaux titres chorégraphiés : "Hôtel De La Plage" et surtout "I Don't Need A Doctor". Pour ces prestations, Sheila s'habille différemment : parfois en combinaison fluo violette, parfois en jeans...mais aussi assez souvent vêtue d'une petite robe 'Ted Lapidus' pour "I Don't Need A Doctor". Les 'B. Devotion', eux, portent pour "I Don't Need A Doctor" des costumes qui les griment en infirmiers. Notons que pour "Hôtel De La Plage", la chorégraphie est envisagée différemment par rapport aux précédents succès "Love Me Baby" et "Singin' In The Rain" : les 'B. Devotion' dansent dans leur coin autour d'un micro sur pied, tandis que Sheila évolue seule à l'écart. Ils ne se retrouvent à danser tous ensemble que lors de certains passages.















"I Don't Need A Doctor", extrait de l'album "Singin' In The Rain", est diffusé en single, avec en face B l'inédit "Hôtel De La Plage". Toutefois, un autre pressage existe, sur lequel c'est "Hôtel De La Plage" qui se trouve en face A. La pochette possède un recto et un verso différents. La photo illustrant "I Don't Need A Doctor" présente le quatuor en train de descendre les marches d'un escalier, tandis que la photo pour "Hôtel De La Plage" présente un portrait de Sheila en gros plan.




Le 45T atteindra la 6e place du hit-parade français, et il se vendra à plus de 340 000 exemplaires. "Hôtel De La Plage" est le générique du film du même nom réalisé par Michel Lang, qui sort dans les cinémas au début de l'année 1978. A l'écriture du morceau, on retrouve Mort Shuman, P. Racer (pseudonyme de Claude Carrère), et C. MacLinen. Les arrangements sont de Mike Wickfield (alias Mat Camison). "Hôtel De La Plage" reste dans la lignée parfaite des titres déjà gravés sur le lp "Singin' In The Rain". D'ailleurs plusieurs rumeurs courent : "Hôtel De La Plage" aurait été composé par Wickfield et non par Mort Shuman comme il est indiqué sur le disque...



Quant au morceau "I Don't Need A Doctor", il a droit à une version rallongée qui est gravée sur un maxi 45T. Mais cette version longue n'apporte rien d'intéressant, puisque ce sont les passages déjà présents dans la 'version single' qui sont simplement répétés. En face B du maxi 45T se trouve "Kiss Me Sweetie", extrait du lp "Singin' In The Rain". Ce morceau faisait déjà 7 minutes sur l'album, il n'est donc pas rallongé sur le maxi single. Notons que "I Don't Need A Doctor" et "Hôtel De La Plage" ne sont diffusés en single et promotionnés qu'en France, d'où leur succès limité.



Une fois n'est pas coutume, Sheila et ses 'B. Devotion' se rendent en février 1978 à une soirée chic parisienne qui se déroule à l'hôtel Saint-James. Sheila arbore une tenue très 'disco'.





Le 1er mars 1978, c'est l'ouverture du 'Palace', ce club parisien qui va devenir le temple du disco à la française. Pour la soirée d'inauguration, Grace Jones offre un show. Sheila se rend également au 'Palace' car quelques clichés existent, sur lesquels on peut la voir exécuter une chorégraphie, entourée comme à son habitude des 'B. Devotion'. Toutefois, on ne sait pas vraiment si c'est lors de l'inauguration du club qu'elle offre ce show, car les dates ne sont pas précises.




Une triste nouvelle s'abat sur la France : le 11 mars 1978, le chanteur Claude François est retrouvé mort dans la salle de bains de son appartement parisien. Il s'était lui aussi mis au disco et commençait à conquérir le Royaume-Uni avec ses chansons qu'il adaptait en anglais. Son dernier titre en date était le reggae "Bordeaux Rosé", interprété en anglais. La veille de son décès, le 10 mars, il était Suisse afin d'enregistrer une émission pour la télévision. Sheila y était également avec ses 'B. Devotion'. Le 15 mars 1978, Sheila, accompagnée de Ringo, se rend en larmes aux funérailles de Claude.





C'est en mai 1978 que Sheila part quelques jours aux USA. Elle y fait la rencontre de Gene Kelly, l'interprète de "Singin' In The Rain", et pose également pour le photographe George Hurrell, célèbre pour avoir photographié les plus grandes stars d'Hollywood. Pour ce déplacement aux Etats-Unis, notre chanteuse est accompagnée par son producteur Claude Carrère. D'autres photos de Sheila sont réalisées pour les magazines. Le label 'Casablanca Records', qui diffuse ses disques aux USA, organise une séance photos où Sheila se retrouve entourée de motards accrocs à la bière...




















En juin 1978, Sheila et ses danseurs sont de retour avec un nouveau morceau, "You Light My Fire". Plus rock que les précédents, il reste néanmoins très disco. Il est écrit par Wickfield/Racer/Forest. Ce sont eux qui signent également le titre "Gimme Your Loving" gravé en face B du single. "Gimme Your Loving" est un disco plus classique, davantage dans la lignée des chansons de l'album "Singin' In The Rain". Toutefois, au niveau de la qualité, il est tout aussi réussi que "You Light My Fire". On note que les voix masculines sont moins présentes que sur les titres précédents.  









Sheila et les 'B. Devotion' adoptent de nouvelles tenues spécialement conçues pour la promotion de "You Light My Fire" sur les plateaux TV. Après avoir répété intensivement leur nouvelle chorégraphie, ils interprètent le titre en France, mais aussi à l'étranger, comme en Allemagne par exemple.











Lors de l'émission radio 'Basket' sur 'Europe 1' en date du 13 juillet 1978, Sheila annonce qu'elle travaille sur un nouvel album qui sortira en novembre. Dans la presse, le couple Sheila-Ringo fait toujours parler de lui : tantôt ils sont sur le point de se séparer, tantôt ils retrouvent leur bonheur.



Pour l'été 1978, Sheila part en vacances à Saint-Tropez puis se rend aux USA. C'est la première fois qu'on la voit sans Ringo sur la Côte D'Azur. En revanche, leur fils est présent avec elle.







Le 17 septembre 1978, Sheila et ses 'B. Devotion' se produisent en Italie lors du 'Festivalbar', devant 30 000 personnes, et remportent la coupe de Vérone, qui récompense la chanson la plus jouée dans les juke-box italiens.









Pour l'émission française 'Midi Première' du 20 septembre 1978, Sheila interprète "Gimme Your Loving". C'est la seule et unique fois que ce titre aura droit à un passage TV. Pour l'occasion, Sheila n'est même pas entourée de ses danseurs. Elle exécute une petite danse, vêtue de son foulard rose autour du cou, d'un pull rose et d'un pantalon blanc.




Le quatuor retourne en Italie le 23 septembre 1978, à Venise plus précisément. Des photos sont réalisées pour les magazines.







En France, "You Light My Fire" n'atteint que la 12e place du hit-parade, et le single ne s'écoule qu'à un peu plus de 165 000 exemplaires. Pour certains artistes, ce chiffre serait un succès, mais pour Sheila, ça ne l'est absolument pas : elle est habituée à beaucoup mieux. Surtout que "You Light My Fire" et "Gimme Your Loving" sont deux vrais inédits, puisqu'ils ne sont gravés sur aucun album lors de leur sortie. Les français ne peuvent donc se tourner que vers le single pour obtenir ces titres. En ont-ils assez d'entendre Sheila chanter en anglais ? Se lassent-ils du disco ? Peut-être qu'ils n'apprécient que moyennement ce virage rock ? Ou bien, peut-être ne sont-ils pas emballés par la mélodie de "You Light My Fire" qui est, il faut l'avouer, assez répétitive et moins accrocheuse que "Love Me Baby" ? Comme on le voit, les raisons peuvent être multiples et différentes en fonction de chaque français.



A l'étranger, dans certains pays, "You Light My Fire" fait beaucoup mieux : il est 1er au Mexique, 2e en Turquie. En revanche, dans d'autres pays, le classement se révèle décevant : 13e en Irlande, 31e en Italie, 36e en Allemagne et 44e au Royaume-Uni. Peut-être que la face B "Gimme Your Loving" aurait dû se retrouver en face A ! A noter qu'il existe également une version rallongée de "You Light My Fire", qui est diffusée en maxi 45T en France, mais aussi au Mexique. Cette version longue n'est pas vraiment intéressante puisque le titre n'est rallongé que de 30 secondes par rapport à la version originale...



Pour novembre 1978, une poupée à l'effigie de Sheila est diffusée dans le commerce. Elle est créée par la marque 'Delavennat' et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elle ne ressemble pas vraiment à Sheila. Elle est proposée dans une boîte qui reprend la photo du single "Hôtel De La Plage". Il existe deux modèles différents : une poupée aux cheveux châtains, et une autre à la chevelure blonde. Différentes tenues et divers accessoires sont également proposés à la vente.




Suite à l'insuccès en France de "You Light My Fire", il est décidé que pour son prochain single Sheila fera une pause et chantera en français, et sans les 'B. Devotion' de surcroît. Claude Carrère et Jean Schmitt écrivent les paroles de "Kennedy Airport" sur une musique de Toto Cutugno. Mike Wickfield s'occupe des arrangements. "Kennedy Airport", hybride disco-pop, correspond bien à la vie que mène Sheila en 1978, puisqu'elle prend souvent l'avion pour les USA. Et puis à cette époque, le public français aime tout ce qui a un lien avec les Etats-Unis.



Fin 1978, "Kennedy Airport" est disponible à la vente en format 45T, uniquement pour le marché français. En face B est simplement gravée la version instrumentale du titre. Le single devient un vrai succès en France, puisqu'il va s'écouler à plus de 445 000 exemplaires. En janvier 1979, il atteint la 4e place du hit-parade français. Il devance ainsi le disco "Sing To Me Mama" de Karen Cheryl, qui a atteint sa meilleure place en décembre 1978 en se classant 5e.



Oui, Carène Cheryl, l'ancienne rivale de Sheila, est de retour depuis l'automne 1978, après plusieurs mois d'absence. Son producteur Ibach a décidé de faire d'elle une star du disco européen, à l'image de Sheila, et le succès est au rendez-vous. Carène se nomme à présent Karen. Elle chante en anglais, tout comme Sheila. Elle exécute des chorégraphies et est entourée de danseurs, encore une fois comme Sheila. En revanche, son accent est davantage travaillé, et son album disco est enregistré entre les USA et le Royaume-Uni. Heureusement, musicalement, cet album possède son propre univers et n'est pas copié sur ce que fait Sheila. Au niveau de son apparence, Karen se démarque également de sa rivale, même si elle porte elle aussi la queue de cheval, et même si pour la pochette de son 45T "Sing To Me Mama", elle pose devant des volets rouges, tout comme Sheila qui avait posé quelques mois plus tôt devant des volets blancs pour la pochette de son titre "Hôtel De La Plage"...



Le premier lp disco de Karen sort donc durant l'automne 1978, période où justement Sheila délaisse quelque peu le disco. Ainsi, elles ne se marchent pas sur les pieds... Sheila interprète à plusieurs reprises "Kennedy Airport" sur les plateaux TV français. Ses danseurs sont absents, mais cela ne l'empêche pas d'exécuter une petite danse lorsqu'elle interprète son titre. Sur certains plateaux TV on la voit habillée d'une tenue en cuir marron, tandis que sur d'autres elle arbore une tenue à paillettes assez transparente.













Parallèlement à "Kennedy Airport", Sheila et son équipe travaillent à la réalisation d'un second album en anglais. Album qui, malheureusement, ne verra jamais le jour. On sait que le but de Sheila, durant l'époque disco, est de se faire connaître aux USA avec ses propres chansons. Dès lors, pourquoi son producteur Carrère ne l'envoie-t-il pas aux Etats-Unis afin d'enregistrer sur place ce second album ? Pourquoi ne la fait-il pas travailler avec des musiciens américains, comme par exemple Michael Zager, dont le titre disco "Let's All Chant" vient de rencontrer un immense succès, notamment en France ? Ou bien avec Jacques Morali, ce français installé aux USA, qui travaille pour les 'Village People', la 'Ritchie Family' et même Patrick Juvet ? De plus Morali fait partie de l'écurie 'Casablanca Records', écurie qui diffuse les disques de Sheila aux USA. Nous ne connaissons pas en détail ce qui se passe réellement durant cette période, mais peut-être que Carrère a l'idée dès 1978 de faire travailler Sheila avec des musiciens américains, puisqu'il réussira en 1979 à obtenir un contrat avec le groupe 'Chic'. Etant donné qu'en France le public apprécie le retour de Sheila avec un titre disco-pop chanté en français, peut-être que Carrère et son équipe hésitent ; faut-il préparer un album en français, et un autre uniquement en anglais ciblé pour l'international ? Ou bien un seul album mélangeant anglais et français ? Faut-il faire du disco ? Comment plaire au public français ainsi qu'au public étranger, tout en ayant pour objectif de toucher les USA ? Et, autre question cruciale, est-ce que Sheila a son mot à dire dans l'histoire ? Souhaite-t-elle se détacher du disco et tenter autre chose ?



Finalement, au début de l'année 1979, aucun album ne sort mais, après des vacances aux sports d'hiver, Sheila propose le single "Seven Lonely Days". Ce titre est la reprise d'un classique américain, et l'équipe entourant Sheila pense peut-être pouvoir réitérer le succès de "Singin' In The Rain". Mais d'une part, "Seven Lonely Days" est une chanson bien moins connue à travers le Monde que "Singin' In The Rain", et d'autre part, les arrangements rock de la version de Sheila sont plutôt mollassons, et à mille lieues de ce qu'avait été la superbe reprise de "Singin' In The Rain". On voit donc que le combat est perdu d'avance. Ce qui est étonnant, c'est que "Seven Lonely Days" est arrangé par Wickfield/Racer ( les pseudonymes de Camison/Carrère) : ce sont eux qui avaient grandement participé à l'élaboration de l'album "Singin' In The Rain". Comment en sont-ils venus à tomber dans le rock ? Etait-ce la volonté de Carrère de s'éloigner du disco, après le semi-échec de "You Light My Fire" ? Pourtant, en ce début d'année 1979, le disco bat son plein, on l'entend partout, et il marche vraiment bien en Europe. Dans les charts français, les artistes disco venant des USA occupent les premières places : 'Village People', Gloria Gaynor, 'Chic'...
A la même période, les plus grands maquilleurs du cinéma américain dressent la liste des vedettes aux yeux les plus hypnotiques : Sheila se retrouve en 5e position !



Le 45T de "Seven Lonely Days" sort dans le commerce, en France ainsi que dans quelques autres pays. Le nom d'artiste est de nouveau 'Sheila B. Devotion'. Pourtant, où sont passés les 'B. Devotion' ? Depuis "You Light My Fire", ils ont plus ou moins disparu. Il n'y a pas de voix masculines dans "Seven Lonely Days"... Et même sur la pochette du single, le trio noir est absent. Sur la pochette française, on a droit à une photo de Sheila en train d'interpréter "Kennedy Airport" lors d'un passage TV. Pour l'étranger, c'est la photo du précédent single "Kennedy Airport" qui est choisie : ça fait plus américain... En face B du disque, on découvre un morceau qui rappelle "You Light My Fire" : c'est "Sheila Come Back", écrit par Wickfield/Racer/Forest. Ce titre est disco, avec une touche de rock, et les choeurs sont masculins. Malheureusement, il n'est pas promotionné sur les plateaux TV. Toutefois, chose étonnante, il se classe à la 3e place des charts en Turquie.




Un maxi 45T est diffusé en France : il contient les versions rallongées de "Seven Lonely Days" et "Sheila Come Back". La pochette reprend le visuel de "Kennedy Airport".



Courant mars 1979, le couple Sheila-Ringo se sépare officiellement. Beaucoup de journaux s'empressent de relayer la nouvelle.




Malgré ce coup dur, Sheila ne renonce pas à sa carrière. Elle promotionne "Seven Lonely Days" sur les plateaux TV français et étrangers. Elle repart notamment en Italie et profite de l'occasion pour réaliser quelques clichés.










Pour interpréter "Seven Lonely Days" sur les plateaux TV, Sheila exécute une petite chorégraphie et est accompagnée de trois filles noires qui font les choeurs autour d'un micro sur pied. Sa coupe de cheveux s'éloigne de la queue de cheval qu'elle portait en 1977, et au niveau vestimentaire, elle s'habille le plus souvent d'un body argenté. Mais pour ne pas faire trop vulgaire, elle porte par-dessus une veste brillante de couleur crème. Enfin, sa tenue se complète par une paire de bottes montantes assorties à sa veste.










Après quelques semaines, au sein de l'équipe Carrère, la décision est prise de publier une nouvelle version de "Seven Lonely Days", car la version rock n'emballe pas le public. Les arrangements disco, réalisés par Wickfield et Racer, sont pompés sur le "Knock On Wood" d'Amii Stewart. Afin d'attirer les acheteurs, sur la pochette du nouveau single est mentionné 'New American Recording', et la photo montre Sheila sur une plage, vêtue de la même façon que sur la pochette de "You Light My Fire".



Une version longue voit le jour, gravée sur un maxi 45T. Mais dans la lignée des versions longues de "I Don't Need A Doctor" et "You Light My Fire", celle de "Seven Lonely Days" n'apporte rien de spécial. En face B du maxi 45T se trouve également la version rallongée de "Sheila Come Back", elle aussi sans intérêt. Il existe même un 'picture disc' sur lequel la photo de Sheila sur la plage est incrustée sur le sillon du vinyle.



Le single et le maxi 45T sont diffusés dans plusieurs pays. Sheila est de retour sur les plateaux TV français et européens afin de promotionner cette nouvelle version disco de "Seven Lonely Days".











"Seven Lonely Days" se classe 10e en France début avril 1979, 16e en Suède et 50e en Allemagne : on a vu mieux... En France, le single se vend à un peu plus de 225 000 exemplaires.



Dans les magazines, on peut voir des photos de Sheila en train de s'exercer avec les 'B. Devotion'. On la voit aussi sur l'avenue des Champs-Elysées en compagnie de sa coiffeuse, de sa maquilleuse et de sa secrétaire anglaise. 







Le 25 avril 1979, Sheila est interviewée dans le cadre de l'émission radio "Chlorophylle" sur 'Europe 1'. Elle nous raconte que le chanteur américain Ray Charles l'a citée lors de sa conférence de presse et a été très gentil à son égard. Elle avoue aussi qu'elle espère faire de la scène et dit avoir déjà des idées en tête pour un futur spectacle. Puis, elle nous apprend qu'elle va bientôt repartir aux USA afin de rencontrer des gens importants, mais qu'elle hésite à rester travailler 3 mois là-bas, car elle n'a jamais quitté la France aussi longtemps, et elle ne veut pas non plus laisser son fils derrière elle.

    

Les 'B. Devotion', de leur côté, tentent l'aventure en solo : renommés 'Trinita', ils sortent le single disco "High Feeling" qui se classe à la 15e place du hit-parade français. "High Feeling" est écrit par le 'B. Devotion' M. Farlane et par P. Racer, alias Claude Carrère. Bien entendu, le single est diffusé sur le label 'Carrère'. Il sort en France mais aussi en Espagne, en Italie, ou encore en Allemagne. Il existe même une version longue disponible sur un maxi 45T. Les 'Trinita' interprètent leur titre à la TV, en exécutant une jolie danse avec des rubans.




Bien que nous soyons en 1979, Sheila interprète encore parfois à la TV certains de ses anciens titres disco, comme "Singin' In The Rain" : pour l'occasion, les 'B. Devotion' réapparaissent derrière elle...



Mais à présent, Sheila est en perte de vitesse : cela fait 1 an et demi qu'elle n'a pas sorti d'album, et ses derniers titres disco n'ont pas vraiment emballé le public. Le second album en anglais se fait attendre. Finalement, le Claude Carrère parvient à signer avec le groupe 'Chic' : ceux sont eux qui vont écrire et produire le nouvel album de Sheila. Par conséquent, l'album en anglais qui était en attente depuis fin 1978 tombe aux oubliettes.



Durant l'été 1979, un nouveau single disco sort discrètement, il s'agit de "No No No No" écrit par P. Honeyman/P. Racer/F. Ivy. Honeyman est le pseudonyme de Philippe Renaux.
Sur la pochette du disque, il est indiqué en nom d'artiste 'S.B. Devotion', comme lors des tous débuts du groupe... Pour la photo, sur fond de ville illuminée durant la nuit, la pochette présente en gros plan Sheila dans sa tenue de "Seven Lonely Days", entourée des 'B. Devotion', plus petits, dont les photos ont été découpées pour être insérées. Deux d'entre eux portent leur tenue d'infirmiers de "I Don't Need A Doctor". Le troisième porte son costume de "You Light My Fire". Il semble voler et atterrir tout droit sur l'arrière-train de Sheila...



"No No No No" permet à Sheila de se renouveler, car cet excellent morceau est plus puissant que ses précédents titres disco. On note aussi que Wickfield n'est pas de la partie : il laisse sa place à d'autres, et ce changement fait du bien, car ses derniers arrangements pour "Seven Lonely Days", que ce soit en version rock ou disco, ont montré qu'il n'avait plus vraiment d'inspiration. "No No No No" est assez répétitif mais calibré pour les pistes de danse. Il possède deux ponts musicaux : le premier est un passage au piano, le second est fait de voix fantomatiques et synthétiques. Les choeurs masculins sont de nouveau au rendez-vous.



"No No No No" rencontre le succès dans les discothèques et est également diffusé en radio. Il aurait certainement pu avoir aussi du succès auprès du grand public, mais Sheila ne fait aucune apparition TV afin de le promotionner, car elle a d'autres projets qui l'attendent avec Nile Rodgers et Bernard Edwards du groupe 'Chic'. Du coup, les ventes ne décollent pas et le titre ne monte pas dans le hit-parade. Environ 100 000 disques de "No No No No" trouvent preneurs.



Au niveau du disco français, les grands gagnant de l'été 1979 sont Karen Cheryl avec "Show Me You're Man Enough", Dalida et son "Monday, Tuesday", ou encore Eric Charden qui nous chante "L'Eté S'ra Chaud". Karen, la concurrente de Sheila, vend plus de 400 000 disques de son "Show Me You're Man Enough" : serait-elle en train de détrôner sa rivale ?



Toutefois, "No No No No" a quand même droit à une version longue qui est gravée sur un maxi 45T. Contrairement aux précédentes versions longues de Sheila, celle-ci apporte un petit plus. En face B du maxi 45T sont gravés deux titres : le synthétique et planant "Tender Silence Of The Night", qui fait aussi la face B du 45T de "No No No No", et le funky "Sunshine Week-End", qui est pour sa part inédit puisque uniquement disponible sur le maxi 45T.



"Tender Silence Of The Night" et "Sunshine Week-End", écrits par Wickfield/Racer/Forest, tranchent avec tout ce qu'a fait Sheila jusque là. Ces deux titres étaient-ils prévus pour figurer sur l'album avorté ? Même si "Tender Silence Of The Night" possède un battement disco, on ne peut pas le qualifier de 'disco' au sens propre du terme. Quant à "Sunshine Week-End", il n'a plus rien de disco et n'est pas vraiment accrocheur. Si ces deux morceaux étaient effectivement destinés à remplir le second album en anglais, on peut imaginer que pour cet opus l'équipe avait prévu de varier les genres musicaux. Car l'on peut aussi penser à juste titre que la version rock de "Seven Lonely Days" était prévue pour figurer sur ce lp avorté... Non, décidément, Wickfield n'était plus au meilleur de sa forme. Le maxi 45T de "No No No No" sort en France mais aussi en Grèce.



Durant l'été 1979, c'est officiel : les afro-américains Nile Rodgers et Bernard Edwards, leaders du groupe disco-funk 'Chic', vont produire Sheila.



Rodgers et Edwards envoient à Sheila la maquette du titre "Spacer", qu'elle s'empresse d'écouter. Elle est émerveillée par ce morceau, mais quelque chose ne va pas : la tonalité est trop grave pour elle. C'est ainsi qu'elle prend contact avec Nile Rodgers et Bernard Edwards le leur faire savoir. Ils lui répondent qu'ils n'aiment pas sa façon de pousser la voix dans les aigus, et qu'avec eux elle chantera différemment.



Pour ses vacances d'été, Sheila ne change pas ses habitudes : elle se rend sur la Côte D'Azur, à Saint-Tropez. et réalise des photos pour les magazines. A son insu, elle est photographiée seins nus au volant de son bateau, ce qui permet d'alimenter la presse à scandale. On apprend également qu'alors que son bateau est en révision, elle en loue un autre et part en mer avec son fils et sa nourrice. Mais soudain une épaisse fumée apparaît. Par crainte d'une explosion, Sheila saute par-dessus bord pour sauver son fils en compagnie de la nourrice. Les secours arrivent rapidement.











Après ses vacances, Sheila prend la pose avec Dany et Freddy, deux des 'B. Devotion'. Le troisième, Arthur, est absent car il tourne dans le film "Le Mouton Noir". Sheila et ses danseurs pratiquent le roller-skate, qui est à la mode en 1979.







Les deux 'B. Devotion' Dany et Freddy publient courant 1979 un second single sous le nom de 'Trinita' : c'est le très disco "Do The Rock" aux accents latinos, qui ne rencontre pas le succès attendu.




En septembre 1979, Sheila se rend à New-York, accompagnée de Claude Carrère. Elle est attendue au studio 'Power Station' pour enregistrer avec Nile Rodgers et Bernard Edwards. Carrère apporte avec lui une boîte qu'il utilise habituellement afin de magnifier la voix de sa chanteuse. Toutefois, Rodgers et Edwards lui font comprendre qu'il n'est pas le bienvenu. Sheila n'est en studio que pour poser sa voix, et cela sans artifice.



De retour en France, la chanteuse retrouve les 'B. Devotion' afin de préparer la chorégraphie du titre "Spacer". Un vidéo-clip est également réalisé. Chaque membre du groupe est vêtu d'une combinaison argentée, et ils tiennent dans leurs mains des bâtons colorés.










C'est le 10 novembre 1979, dans l'émission TV française 'Collaro Show', que Sheila interprète pour la première fois "Spacer". Elle est entourée des 'B. Devotion', et ils exécutent ensemble leur nouvelle chorégraphie. Peu de temps après, le groupe part dans plusieurs pays européens afin de promotionner "Spacer" sur les plateaux TV. Ils se rendent aux Pays-Bas, en Allemagne, en Italie...

















Dans les charts, "Spacer" atteint en janvier 1980 la 5e place en France. Il est 1er en Grèce, 6e en Italie, 7e en Argentine, 8e en Irlande, 9e en Allemagne, 18e au Royaume-Uni, 19e en Afrique du Sud, 20e au Danemark, 22e aux Pays-Bas... Aux USA, il atteint la 28e place dans la catégorie 'R&B', et il est aussi 44e au 'U.S. Dance Chart'. Le single s'écoule à plus de 400 000 exemplaires en France, et il se vend à plus de 5 millions d'exemplaires autour du globe. Il est diffusé un peu partout : USA, Brésil, Mexique, Canada, Australie, Nouvelle-Zélande, Japon, Grèce, Royaume-Uni, Italie, Allemagne...  La photo de la pochette n'évoque en rien l'Espace. Les 'B. Devotion' sont absents, le gros plan est fait uniquement sur Sheila. Toutefois, au verso, on a quand même droit à des photos présentant les 'B. Devotion'. En face B du disque se trouve le morceau "Don't Go", un bon disco-funk qui reste néanmoins dans l'ombre de "Spacer". Il est indiqué au dos de la pochette que les deux chansons ont été écrites, arrangées et produites par Nile Rodgers et Bernard Edwards. Il existe aussi un maxi 45T sur lequel "Spacer" est rallongé, mais pas "Don't Go".




"Spacer" possède une bonne mélodie mais n'est pas très riche, musicalement parlant : hormis la batterie, on peut entendre du piano, de la guitare et une basse. Toutefois, la voix de Sheila posée sur cette rythmique propre au groupe 'Chic' suffit à faire du titre une réussite. La version longue ne brille pas par son originalité, mais elle s'écoute facilement.



Fin 1979, Karen Cheryl publie son second album disco, duquel est extrait en single le génial "Tchoo Tchoo", qui s'écoule à plus de 260 000 exemplaires en France.



Grâce à son "Spacer", Sheila parvient à se renouveler alors qu'elle était en perte de vitesse et que sa carrière partait un peu dans tous les sens. Un bon hit fait toujours du bien, surtout lorsqu'il est écrit et produit par les leaders de 'Chic'... Mais le besoin d'un nouvel album se fait maintenant cruellement sentir.



A la fin de cette année 1979, Carrère diffuse la compilation "Disque D'Or", qui est un album de 'Sheila B. Devotion' sans vraiment en être un. Cette compilation reprend des titres de l'album "Singin' In The Rain", mais elle regroupe aussi tous les morceaux en anglais que Sheila a enregistrés ensuite et qui n'ont été gravés qu'en singles, de "Hôtel De La Plage" à "Sunshine Weekend". Pour le public français, ce disque n'est pas intéressant. En revanche, les quelques pays étrangers qui ont aussi droit à cette compilation peuvent découvrir des morceaux qui jusque-là ne leur étaient pas parvenus : "Hôtel De La Plage", "No No No No", "Tender Silence Of The Night" et "Sunshine Weekend".



Une autre compilation sort également en 1979 : elle se nomme "Love Me Baby" et contient 2 disques. Le nom d'artiste n'est pas 'Sheila B. Devotion' mais simplement 'Sheila', car cette compilation reprend en grande partie des titres enregistrés par l'artiste entre 1975 et 1976, à l'époque où 'Sheila B. Devotion' n'existait pas encore.



Le 9 novembre 1979, c'est officiel : Sheila et Ringo sont divorcés. Une page se tourne. Bien évidemment, la presse cherche à savoir où en est Sheila côté coeur.



C'est aux USA que Sheila passe les fêtes de fin d'année. En janvier 1980, rentrée en France, elle assiste au show de sa collègue Dalida, au Palais des Sports de Paris.


    
Le nouvel album tant attendu arrive enfin au printemps 1980, et il permet de redonner de la consistance à 'Sheila B. Devotion'. L'opus est entièrement écrit, arrangé et produit par Nile Rodgers et Bernard Edwards. En plus de "Spacer" et "Don't Go", on découvre 6 titres inédits, de qualité inégale. A côté du disco-funk "Your Love Is Good", on a droit à des morceaux à tendance pop-rock comme "Mayday" et "King Of The World" qui s'éloignent du son propre à 'Chic'. La chanson "Misery", quant à elle, possède un refrain qui aurait pu être chanté par une chorale de gospel. L'accent de Sheila fait parfois mal aux oreilles, comme dans "Mayday"...



La pochette du 33T, très esthétique, présente Sheila en parachute, emmitouflée dans sa combinaison. En arrière-plan, dans un ciel flamboyant, volent des ptérosaures. Autre détail : pour le titre de l'album, Sheila a signé son prénom. Au verso de la pochette, on a quand même droit à une photo nous présentant Sheila entourée par les 'B. Devotion'. Leurs cheveux ont poussé, et ils portent tous une combinaison très ample qui n'est pas à leur avantage... Au centre, Sheila, toujours vêtue de sa combinaison rouge, porte un casque à la main.
L'opus est diffusé bien évidemment en France, mais aussi dans plusieurs pays : USA, Canada, Japon, Suède, Grèce, Royaume-Uni, Italie, Allemagne...




C'est le bon morceau "King Of The World" qui est choisi pour faire office de nouveau single. La photo du verso de l'album est récupérée pour devenir le visuel du single. La face B du disque est occupée par le titre "Mayday". Le public ne le sait pas encore, mais il s'agit là du dernier disque de 'Sheila B. Devotion'... Dans "King Of The World", au niveau des couplets, la voix de Sheila est légèrement retravaillée avec un effet d'écho, ce qui nous permet de moins entendre son mauvais accent.




Le single ne bénéficie pas d'une large diffusion, et "King Of The World" ne se classe que 11e au hit-parade français durant l'été 1980. Il redescend vite dans les classements, et reste loin derrière le n°1 de l'été, le disco "T'es O.K." du duo 'Ottawan'. Il existe un maxi 45T de "King Of The World", mais en fait, c'est la 'version album' de 4'37'' qui est gravée sur ce disque. La 'version single' qui est diffusée sur le 45T normal est ramenée à 3'55".



Aux USA, il existe un maxi 45T promotionnel de "King Of The World", avec en face B "Your Love Is Good". Par ailleurs, "Your Love Is Good" a droit à une sortie discrète en 45T aux USA, avec en face B "King Of The World". Les deux titres sont ramenés à 3'05", et le disque n'a pas de pochette.




En France, "King Of The World" se vend à environ 170 000 exemplaires seulement. Peut-être que les fans privilégient l'album au single... Toutefois, au niveau mondial, l'album se vend moins bien que le lp précédent "Singin' In The Rain". A vrai dire, à l'époque où ils ont réalisé l'album pour Sheila, Nile Rodgers et Bernard Edwards travaillaient également avec Diana Ross sur son album "Diana". Peut-être ont-ils privilégié la diva américaine, laquelle a eu droit à davantage de titres disco-funk au son caractéristique de 'Chic'.



Le public est peut-être déçu de voir Sheila commettre un album pop-rock, alors qu'elle était la reine du disco européen, et qu'elle venait tout juste de faire du disco-funk américain avec "Spacer"... Mais c'est vrai qu'en ce printemps de l'année 1980, le disco se meurt lentement, et le rock commence à reprendre le dessus. On se trouve à la croisée de plusieurs courants musicaux : rock, pop, ska, disco, funk, reggae, new wave...et ce n'est pas facile pour un artiste populaire de trouver sa place. De nouveaux auteurs-compositeurs-interprètes ont éclos en France, et leurs chansons à textes placent la barre plus haut. Karen Cheryl met de côté le disco et se lance dans la pop teintée de rock avec son nouveau single "Making Up, Making Love" et sa face B "The Lady Is Me", mais ce changement ne plaît guère puisque le disque ne se vend qu'à un peu plus de 110 000 exemplaires.



Sheila aussi a amorcé un certain virage rock depuis 1978 avec "You Light My Fire", puis elle a enfoncé le clou en 1979 avec la première version de "Seven Lonely Days". Elle récidive à présent en 1980 avec son album produit par les leaders de 'Chic'. Mais force est de constater que lorsque Sheila fait du rock chanté en anglais, le public ne la suit pas. En témoignent les chiffres de ventes... Peut-être que le rock donne une image plus mature à un artiste populaire en manque de crédibilité, mais cet artiste perd alors cette part de rêve qu'il transmettait jusque-là à son public. Avec le rock, on est dans quelque chose d'adulte, dans quelque chose d'assez agressif qui se prend au sérieux et qui bien souvent ne fait ni danser ni rêver un public en mal d'insouciance, d'innocence retrouvée et de légèreté.



Si l'album contenant "Spacer" était sorti un an plus tôt, il est presque certain qu'il aurait été mieux réalisé et aurait contenu davantage de titres disco-funk. Par conséquent, le succès aurait été sûrement plus important. En 1980, on remarque que beaucoup de compositeurs estampillés 'disco' n'ont plus d'inspiration, et leurs nouvelles compositions à la croisée du disco, du rock et du funk, ne sont guère réussies. Oui, 1980 est un tournant pour de nombreux artistes disco : beaucoup d'entre-eux tombent dans l'oubli et ne sortiront plus jamais aucun album.



Au milieu de tout ça, il y a le problème des médias : une élite de journalistes critiquent la musique disco, et tout le monde se met à penser comme eux. Pourquoi ? Parce qu'ils sont journalistes et que leur avis est forcément meilleur...



Pourquoi place-t-on 'Chic' sur un piédestal, alors que certaines de leurs compositions ne sont franchement pas réussies, et que musicalement, plusieurs de leurs titres sont assez pauvres et répétitifs ? Parce que l'on prend le funk plus au sérieux que le disco ? Mais force est de constater que le funk n'a jamais emballé les foules ni les pistes de danse autant que le disco...



Sheila, pour sa part, tient bon : elle défend "King Of The World" sur les plateaux TV français, et réalise même un clip pour cette chanson. Pour l'occasion, elle et ses 'B. Devotion' troquent leurs costumes de cosmonautes contre des tenues de pilotes de voitures de course. Ils exécutent une étrange chorégraphie, le plus souvent autour d'une automobile qui n'a rien d'une voiture de sport. Durant le pont musical, ils dansent avec des drapeaux à damiers. Puis ils se déchaînent complètement à la fin du morceau et nous offrent une danse entre l'étrange et le ridicule. L'un des 'B. Devotion' semble même s'accoupler avec la voiture...




C'est le 14 mai 1980 que le groupe présente pour la première fois "King Of The World" à la TV, dans l'émission 'Palmarès 80' présentée par Guy Lux. L'émission est en direct mais Sheila est en play-back...et c'est alors que la bande son coupe au milieu de la chanson. Sheila et les 'B. Devotion' continuent à danser sans musique durant quelques secondes, puis abandonnent. Sheila est visiblement énervée et décide de reprendre depuis le départ. La seconde fois sera la bonne, mais les critiques vont s'en donner à coeur joie. Reviennent inlassablement les mêmes remarques : Sheila chante en play-back, Sheila ne chante jamais en direct, d'ailleurs elle ne donne jamais aucun concert... Certains doivent même en venir à se demander si c'est vraiment elle qui pose sa voix sur ses titres. Mais il faut savoir qu'il est quasiment impossible de chanter correctement en direct lorsqu'on exécute en même temps une chorégraphie qui demande beaucoup d'énergie. Claude François, Dalida et Karen Cheryl ne diront pas le contraire...











Alors, cette coupure au niveau de la bande son, est-ce un simple accident, ou bien est-ce au contraire un acte volontaire ? On imagine facilement que Sheila n'a pas que des amis dans le métier, d'autant plus qu'elle est en concurrence avec d'autres... Certains sont peut-être jaloux du succès qu'elle a obtenu en se faisant produire par les leaders de 'Chic'. D'autres veulent peut-être la ridiculiser et montrer qu'elle ne chante jamais en direct... Mais quoi qu'il en soit, Sheila continue de promotionner "King Of The World" sur plusieurs plateaux TV. A cette époque, elle semble être en couple avec un australien prénommé Philip. Des rumeurs courent dans les journaux, mais quasiment aucune photo n'est dévoilée... Peut-être qu'après son histoire ratée et sur-médiatisée avec Ringo, Sheila a décidé de se protéger.











Le 4 juillet 1980, Sheila et les 'B. Devotion' sont invités à la caserne des Célestins, à Paris, dans le cadre de l'émission radio "Le Grand Show" sur 'RMC'. Sheila interprète en direct 4 de ses titres disco. Elle dévoile également un morceau en français qui sortira à l'automne prochain.







Pour l'été 1980, Sheila part en vacances sur la Côte D'Azur. Comme chaque année, des clichés sont réalisés.






A l'automne 1980, Sheila est de retour en solo avec "Pilote Sur Les Ondes", son nouveau single en français qui est la reprise du "Pilot Of The Airwaves" de Charlie Dore. L'adaptation est signée par C. Carrère et J. Schmitt. Le pseudonyme anglais de Carrère, 'P. Racer', disparaît à présent des disques : la page disco est tournée. Pourtant, "Pilote Sur Les Ondes" possède encore quelque chose de disco. Sheila l'interprète en direct sur les plateaux TV. Pour casser son image de chanteuse de play-back, elle envisage également de monter sur scène, chose qui malheureusement ne se fera pas. Le single "Pilote Sur Les Ondes" ne se vend pas très bien : seulement un peu plus de 125 000 exemplaires trouvent preneurs.



En cette deuxième moitié des années 1980, chanter en anglais n'est plus à la mode chez les artistes français. Karen Cheryl a semble-t-il trouvé le bon compromis en faisant du disco à la française : elle adapte son tube "Show Me You're Man Enough" en "La Marche Des Machos", et le single se vend à plus de 340 000 exemplaires.



De son côté, Sheila publie à l'automne 1980 un album entièrement en français. Il est majoritairement composé de reprises. Au niveau des crédits, Mike Wickfield réapparaît sous son vrai nom, Mat Camison. Cet opus dit définitivement adieu au disco, puisqu'il se tourne vers la musique rock, et même vers le courant ska avec le titre "Louis". Pourtant, sur la pochette, on retrouve plusieurs photos de Sheila directement issues de sa période disco !



De leur côté, en 1980, les 'B. Devotion' publient le single disco-rock "Better Now" co-écrit par M. Farlane, en gardant leur nom 'B. Devotion', mais le succès ne leur sourit pas... Du coup, ils disparaissent définitivement du paysage musical, et avec eux disparaît évidemment l'entité 'Sheila B. Devotion'. A noter qu'Arthur Wilkins tourne en 1980 dans le film "Fais Gaffe A La Gaffe".





Ainsi s'achève une période brillante qui aura duré 3 ans, une période durant laquelle Sheila était au sommet de sa popularité, non seulement en France, mais aussi et surtout à l'étranger.



Bien des années plus tard, en 2006, Sheila a publié "Juste Comme Ca", un coffret contenant l'intégralité de ses enregistrements de 1962 à 2006. On a pu y découvrir le titre disco "I'm Your Baby Doll" qui contient des passages du célèbre morceau "Be Bop A Lula", mais qui possède aussi des passages originaux écrits par M. Wickfield et P. Forest. Selon certaines sources, "I'm Your Baby Doll" a été enregistré en 1977 et aurait dû se retrouver sur l'album "Singin' In The Rain". Mais musicalement parlant, le morceau se rapproche davantage de "Sheila Come Back", sorti en 1979...



Ci-dessous, liens vers des sites très intéressants et complets concernant Sheila :

http://www.sheila-lefildenotrehistoire.eu/acceuil.html

http://sheila-telerevee.eklablog.com/

http://ondit.unblog.fr/


Et bien sûr, le site officiel de Sheila se trouve ici :

http://www.sheilahome.com/



14 commentaires:

  1. alors pour clarifier une chose le maxi français de "singin' in the rain" propose bien la version longue de "shake me" même si l'étiquette annonce 4.43, une erreur d'imprimerie tout simplement.

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  2. Superbe rétrospective de la période disco de miss Sheila ... j'ai vraiment beaucoup aimé! Merci Julian .

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    1. merci pour ton commentaire sympathique mister Alex !

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  3. Merci beaucoup cet rétrospective car je voulais vraiment connaître cette période disco de Sheila ou elle semblait complétement épanouie avec les B devotion.
    Cet rétrospective m'a apporté tout les détailles que je voulais connaître.

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  4. J'adore cette page, merci Julian, je tenais juste à rectifier le commentaire sur "C'est le coeur"... les propos de Bernard Estardy étaient pour l'enregistrement de "Aimer avant de mourir" Les paroles de cette chanson + le fait d'être enceinte et les absences adultérines de Ringo, mettaient Sheila à mal. Mais quelle magnifique chanson tout de même. Bien à toi Julian et Bravo

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  5. Bonjour Julian et bravo pour cette page que j'adore. Je tenais juste à remettre en place les propos de Bernard Estardy en 1975. C'est l'enregistrement de "Aimer avant de mourir" qui fut trés difficile pour Sheila. Outre la gravité des paroles, le fait qu'elle fut enceinte il y avait surtout les infidelités de Ringo. Mais comme cette chanson est superbe et l'interprétation magnifique.

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    1. Bonjour Lionel et merci pour ton commentaire et tes rectifications ! En effet "Aimer avant de mourir" est magnifique... bien à toi !

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  6. Bonjour,
    Des photos que je n'avais jamais vues, bravo pour ce travail d'archive.
    Cordialement.

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  7. Wouah !! Je suis bluffé !! J'adore votre billet sur la carrière de Sheila dans les années 70 et , surtout, sa période disco avec "Love me Baby". BRAVO !! Les photos, les anecdotes, les chiffres de ventes des 45 tours : Tout y est !! Sheila est toujours une grande chanteuse populaire et j'adore me plonger dans cette période de sa carrière donc MERCI !!

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  8. Vraiment intéressant pour saisir la période, ses protagonistes et les dessous de quelques affaires. Que sont devenus les B. Devotion après 1980 ? Sheila n'en parle guère.

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    1. Je n'ai pas vraiment d'infos à ce sujet, mais en cherchant sur Internet on doit peut-être trouver. Je sais que l'un des B. Devotion a tourné dans le clip "Maldon" des Zouk Machine, à la toute fin des années 80...

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  9. Mais oui, c'est bien lui ! (Basil McFarlane)
    J'ai noté qu'il avait auparavant fait partie d'un autre groupe, INDIGO, le temps de quelques titres assez bien balancés.
    On en trouve un peu plus sur Arthur Wilkins, mais quasi rien sur le troisième. A-t-il été enlevé par les reptiliens ?

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