Les 12 Travaux D'Astérix (1976) : caricature d'une époque...





On ne présente plus le célèbre petit gaulois, fruit de l'imagination du scénariste René Goscinny et du dessinateur Albert Uderzo.



Créée en 1959 pour le lancement du journal "Pilote", la première bande dessinée s'intitule "Astérix Le Gaulois". Les années passent et les titres suivent. Le succès est au rendez-vous.
 En 1963, Goscinny et Uderzo sortent très emballés de la séance de cinéma à laquelle ils viennent d'assister. Ils viennent de voir le péplum "Cléopâtre" de Joseph L. Mankiewicz, une superproduction hollywoodienne avec Elizabeth Taylor dans le rôle-titre. Très vite, ils décident d'en faire une parodie. En effet, le film se prête assez bien à la parodie : Taylor change sans cesse de tenue, qui sont plus resplendissantes les unes que les autres, et on en vient à se demander quel est le but réel du film : en mettre plein la vue ou reconstituer une page de l'Histoire. Citons aussi brièvement le festin sur la galère, où Taylor et son complice Richard Burton sont bêtement assis à table, alors que l'on sait très bien que les Romains mangeaient allongés.
L'album "Astérix Et Cléopâtre" est pré-publié dans "Pilote" entre 1963 et 1964, puis sort en album en 1965.

 

                                              


1967 voit la sortie du premier film d'animation basé sur une aventure d'Astérix. En l'occurrence, il s'agit de "Astérix Le Gaulois". Mais Goscinny et Uderzo ne sont pas à l'origine de cette adaptation : ils découvrent le dessin-animé lors d'une projection privée.
Les deux hommes décident de reprendre les choses en main pour la sortie sur les écrans d'une seconde adaptation. Ce sera "Astérix Et Cléopâtre", en 1968.

  



Les albums suivent leur cours, et la majorité des français connaît Astérix dans les années 1970. Le trait d'Uderzo se précise et ses dessins sont de plus en plus réalistes et détaillés. Les scénarii de Goscinny, quant à eux, atteignent leur apogée dans les 70's en terme de réussite. Les histoires, les jeux de mots, l'humour...tout est excellent. Citons entre autres "Le Domaine Des Dieux" en 1971, "Astérix En Corse" en 1973, "Le Cadeau De César" en 1974, ou encore le phénoménal "Obélix Et Compagnie" en 1976.




1976, c'est également l'année de sortie de "Les 12 Travaux D'Astérix", un nouveau film d'animation qui n'est basé sur aucune BD. De là vient peut-être son excellence. Mais l'ambiance des 70's y joue sûrement aussi pour beaucoup. 



Ci-dessous : le thème principal composé par Gérard Calvi



Ce dessin-animé est réalisé par Goscinny et Uderzo, et il est produit par les Studios Idéfix.
L'histoire, la voici : César rend visite à nos fameux gaulois irréductibles, et leur propose une série de 12 travaux, que seuls les dieux pourraient réussir. Il leur promet de s'incliner devant eux s'ils accomplissent un sans-faute, car on ne peut rien contre les dieux, mais les avertit que s'ils ratent une seule épreuve, ils deviendront les esclaves de Rome. Les gaulois acceptent le défi. Et voilà Astérix et Obélix en route pour accomplir leurs 12 travaux. 





Après les premières épreuves et les sueurs froides provoquées par un César fou au rire sardonique, rien de tel pour se détendre que la quatrième épreuve : restée célèbre, elle conduit nos héros dans...l'île du Plaisir. Titre évocateur. Nos deux gaulois y font la connaissance d'exquises jeunes femmes qui les séduisent par leur charme provocateur et sensuel, vêtues de robes légères qui mettent en évidence leur poitrine et leur arrière-train. Elles leur font visiter l'île en dansant. Le vin coule à profusion. Et tout ça sur une musique brésilienne aux relents de disco. Quant on sait qu'au travers d'Astérix, Goscinny a toujours fait la caricature de son époque, il n'est pas surprenant de voir qu'en 1976 Astérix et Obélix se dévergondent sur de la musique rappelant le "Brasilia Carnaval" des Chocolat's, un hit sorti en 1975. Oui, l'année 1976 est bien marquée par un sacré dévergondage, et cela est en grande partie dû à la musique disco ! Cette contagion se propage jusque dans les dessins-animés...





Ci-dessous : le titre "Obélix Samba" composé par Gérard Calvi



Mais "Les 12 Travaux D'Astérix" évoque également un second thème cher aux 70's : l'horreur. Le film "Les Dents De La Mer" de Steven Spielberg déferle en 1975, à mi-chemin entre l'horreur et le suspense, mais dans une optique 'grand public'. Plus confidentiel, le répugnant "Frissons" de David Cronenberg sort la même année. Et j'en passe... 
En 1976, Tinto Brass tourne son "Caligula", qui, sur fond de Rome Antique, exploite jusqu'à l'extrême toutes les bassesses de l'être humain (cruauté, violence, abus sexuels, orgies...), dans le but avoué de surfer sur la vague des films pornos du moment.
Goscinny et Uderzo ne vont pas jusque là, autrement leur dessin-animé aurait été interdit aux moins de 18 ans... Ils font une parodie bien sage de tous ces films d'horreur (mais parodie qui a sûrement dû terroriser beaucoup d'enfants !) avec l'épreuve de l'antre de la Bête. Astérix et Obélix pénètrent dans une grotte des plus lugubres, et y croisent des squelettes jouant au tennis ainsi que des apparitions fantomatiques plutôt affreuses. Puis, arrivés à l'autre extrémité, quelque chose palpite. C'est la Bête ! Nous ne la verrons jamais, mais Obélix, qui avait un creux, déclarera par la suite qu'elle était bonne.



Vers la fin du film, petit aperçu des dieux romains sur leur nuage, avec une Vénus ayant pris l'apparence de Brigitte Bardot, et nue pour le coup ! Jamais le duo n'avait osé aller jusque là dans les albums du petit gaulois...



Puis, juste après cette entrevue coquine, retour à l'horreur avec la Plaine des Trépassés, où les cadavres des légionnaires reviennent la nuit hanter le champ de bataille sur lequel ils ont été massacrés, le tout sur une musique vraiment morbide... Décidément, quel film ! A ne pas mettre sous les yeux des enfants les plus sensibles !      





Ci-dessous : petit reportage sur la création du dessin-animé, avec la présence de René Goscinny :


13 commentaires:

  1. J'avais adoré ce dessin animé ! Petit , je suis allé le voir au cinéma ( peu après "Bernard & Bianca" mon dessin animé préféré depuis toujours - un " must " pour moi ) j'ai gardé un souvenir ébloui de ces "12 travaux" et c 'est un des rares que j' aime revoir ! souvenirs oblige ...

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    1. c'est marrant ce que tu dis puisqu'il m'évoque la même chose... même si je suis né + de 10 ans après ! je l'ai découvert étant enfant et ça reste un très bon souvenir, j'adore me le repasser !

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  2. Je comprends . Comme moi , tu aimes sans doute revenir sur certains bon souvenirs et sensations liés à l'enfance ... Moi , c'était mes premières sorties Cinéma et j'avais été marqués par le coté spectres et autres fantômes , un humour à la Scoubidou qui me plaisait bien ... autre détail qui m'avait marqué les fesses de Brigitte ! Etonnamment érotique pour un Astérix ... Comme tu l'as souligné dans ton article !

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    1. oui j'aime revenir sur ces souvenirs... j'ai même noté certaines choses dans un journal perso. Concernant les 12 travaux, moi je ne l'ai évidemment pas vu au cinéma, mais à l'époque ma mère n'avait pas de voiture et on avait fait 1h à pied pour aller acheter la vhs au magasin de jouets le plus proche...!

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  3. C'est que la motivation était là , alors ! c'est sûr que ça reste dans les souvenirs ... Depuis toujours , je peux moi aussi aller très loin pour aller chercher tel film , tel musique ... je crois t'avoir raconté que j'avais fait 120klm pour aller acheter les 3 premières rééditions cd des albums de Donna ( pas d'internet à l'époque ...) . Au fait , ta maman était sûrement très attentionnée pour faire autant de marche à pied et te faire plaisir en achetant cette k7...

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    1. eh bien tu l'aimes Donna, si c'est pas une preuve d'amour ça ! ;) oui ma mère était assez attentionnée, même si je ne garde pas que de bons souvenirs de cette enfance...

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  4. ha oui , j'en étais complètement dingo dans les années 90 et je soulais tout le monde avec... bref .... PS : si ça peux te rassurer , pour moi aussi , dans les souvenirs d'enfance le pire flirte avec le meilleur ... et il y a beaucoup de choses que je préfèrerais oublier ... hélas !

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    1. c'est assez triste... moi qui pensais que tu avais eu une enfance des + heureuses...

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  5. heureuse parfois oui ... ma petite enfance : mes années disco 76 -79 liées à l'insouciance ont été magnifiques , ma pré-adolescence et les années 80 : une horreur totale ! lol . Mais je suis toujours là , j'ai survécu , comme dirait Gloria Gaynor ! Et puis je ne suis pas le seul à avoir souffert... D'ailleurs ça n'a pas du être toujours facile pour toi aussi , non ?

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    1. c'est vrai que tu as connu le changement des années 80... la musique aux synthés etc... c'est l'époque en elle même que tu as mal vécue ou plus personnellement ta vie ? Moi aussi les problèmes ont commencé surtout vers mes 12 ans... forcément c'est la période où l'on perd son insouciance... et mon adolescence a été assez catastrophique, même s'il y a eu de bons moments ! jamais je n'aimerais repasser par là...

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  6. Comme je te comprends ! moi non plus , pour rien au monde je ne voudrais revivre ça ! plutôt avaler un chapelet de lames de rasoirs ...à choisir ! lol Moi aussi , c'est peu de temps avant mes onze ans et mon entrée au collège , ma vie a basculé dans un cauchemar : j'ai senti un fossé entre moi et le reste du monde (déjà à l'époque ! ) J'ai haï l'école au dernier degré.... J' y ai subi toutes sortes de choses traumatisantes... Ceci dit même si j'en suis ressorti écorché , malmené... je suis plus fort aujourd'hui ... et peut être un peu plus pervers aussi : aujourd'hui , si quelqu'un me cherche " des poux dans la tête " .. il s'expose à des ennuis qu'il ne pourrait pas du tout soupçonner : je suis devenu très créatif en matière de représailles! ( c'est mon entourage qui le dit ! ) Et finalement , je me dis qu' il y a quand même un juste retour des choses dans ce bas -monde !

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    1. lol ! idem pour moi, avec tout ce que j'ai encaissé, j'ai fini par avoir une vision très médiocre du monde qui m'entoure, alors à présent je me fous de tout, et je n'hésite plus à riposter...

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  7. ... et tu as bien raison ! De victime , il faut savoir se transformer en bourreau quand c'est nécessaire ... personnellement , je pense être une" bonne personne" , avoir " un bon fond " : jamais je ne m'en prendrais à une personne qui ne m'a rien fait ou à plus faible que moi ... mais dans le cas contraire ... aujourd'hui je me lâche carrément et sans remords ! quand tu dis "avec tout ce que j'ai encaissé ..." ça me parle vraiment : je me demande moi aussi , comment je suis encore debout aujourd'hui ! Il faut croire que l'être humain est programmé pour résister à presque tout ... Malgré tout , la force est en nous mister Disco !

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